Faust Rosenwal

Goûts :

Dans la vie, il y a des choses que l’on aime, et d’autres pas. Faust ne fait pas exception à la règle. Premièrement, elle passera la plupart de son temps libre à dormir. Pourquoi ? Simplement qu’elle aime ça et aussi qu’elle n’en a pas beaucoup l’occasion avec son travail. Hormis lézarder au soleil, comme tout bon félin qui se respecte, elle dévore sa collection de littérature fantastique, lisant et relisant sans cesse ses ouvrages préférés. En parler avec elle peut déclencher un torrent de passion instopable. Vous êtes prévenus, libre à vous de déchaîner ce flot incontrôlable. Si elle n’aimait pas un minimum dessiner et se documenter, elle ne serait pas architecte. Elle a réussi à mêler passion et travail, qu’elle complète gaiement en visitant, à l’occasion, divers musées. Mais ses passions coûtent cher, à force, alors elle aime compter son argent, le garder précieusement et le compter. Un petit pêcher qu’elle n’avoue pas facilement, n’aimant pas passer pour une pingre. Alors, elle a parfois un élan de poésie qui l’étreint – ou d’avarice, à vous de faire votre choix- et passera la nuit à déambuler dans les parcs afin de profiter du ciel étoilé et du calme nocturne.

Bien qu’elle aime la chaleur - une chaleur modérée- elle aime l’hiver pour une unique raison : la neige. Elle est fascinée par ces petites boules de coton blanc dégringolant du ciel gris. Elle passe des heures devant sa fenêtre à regarder, s’imaginer tout un univers. Mais c’est aussi une manière pour elle de se recentrer sur elle-même et profiter de sa solitude. Oui « Sa » solitude. Une solitude choisie et non imposée pour diverses raisons. Ce genre de moment dont on a tous besoin un moment ou un autre. Elle le savoure comme un excellent verre de vin. Mais une dernière chose qu’elle apprécie par-dessus tout, chez l’autre : la franchise. Quelle soit bonne ou non, la vérité est toujours utile, elle est nécessaire. L’entendre peut blesser, faire mal, mais elle permet d’avancer.

Pour ce qui est du reste, ne tentez pas de l’emmener à la mer ou encore à la piscine. Bien sûr, elle sait nager, mais elle nage comme un fer à repasser et cela la frustre. Mais surtout depuis que sa thérianthropie s’est manifestée, elle ne supporte plus l’eau. Rien que d’y penser la rend mal à l’aise, voire effrayée. Un effroi presque aussi comparable avec son dégoût pour l’espèce aviaire. Les oiseaux, en d’autres termes. Elle ne les supporte pas, et même si son instinct animal lui dicte de chasser cet animal, elle ne peut pas. Elle fuit, tout simplement. Un traumatisme ? Peut-être, qui sait ? La nature est étrange parfois. C’est maladif, comme la couleur rose. Cela lui hérisse le poil, lui donne envie de cracher, vomir et elle en devient presque violente. La nature humaine est si étrange, n’est-ce pas ? Mais s’il n’y avait que ça ! Elle cumule la petite Faust. Et oui, car la chaleur est aussi un de ses points faibles. Même si elle aime se prélasser au soleil, comme cité précédemment, elle n’aime pas pour autant les températures élevées comme celles de l’été.

Plus sérieusement, ces petits défauts ont beau être mignons, elle a d’autres peurs dissimulées. Elle déteste se sentir inutile, être dans une situation et ne pas la savoir la gérer. Par-dessus tout, elle ne supporte pas le mensonge et la trahison. L’abandon et le rejet tout autant si ce n’est plus, suite au décès de sa mère. Elle lui en veut encore, même si elle l’aime de tout son cœur. Oh ! Une dernière chose, même si elle aime être tranquille et seule, il ne faut pas cela soit trop souvent et trop longtemps. Cela lui pèse sur le cœur de rester des jours entiers sans voir ni parler à personne.


Caractère :

La première chose qu’elle fera en vous rencontrant sera de se montrer méfiante. Craintive par nature, elle donne difficilement sa confiance, trop souvent bafouée lors de son enfance. Et un traumatisme d’enfance est difficile à soigner voire impossible si on ne prend pas la main qu’on nous tend. Pour Faust, c’est tout à fait ça : tendez-lui une main, elle la mordra en premier lieu et viendra vous soigner tout en pestant. Mais une fois sa confiance acquise, elle se montrera loyale et dévouée. Une amie sur qui compter, qui serait prête à déplacer des montagnes ou encore mettre sa vie de côté pour vous emmener loin de vos tourments.

Une qualité essentielle pour son travail : la diligence. Être rapide, efficace, zélée et assidue, c’est comme une seconde nature chez elle : tout donné, jusqu’à l’épuisement pour ensuite savourer pleinement son repos fort bien mérité. Une autosatisfaction qui fait le bonheur de son employeur et le sien. Elle se plaindra rarement d’être débordée et fatiguée. Si elle le fait, c’est mauvais signe. C’est qu’elle est au bord de la rupture. Malgré tout cela, elle mène une vie simple, sans trop de prise de tête. Surtout depuis sa découverte de sa "forme animale". Elle n’est toujours pas à l’aise avec cela, laissant ses émotions facilement prendre le dessus. Elle est instable sur ce niveau et cela l’énerve profondément. Elle aime contrôler sa vie, comme pour ressentir encore un goût "d’avant". Une époque révolue qui la chagrine et la rend nostalgique.

Si elle donne facilement de son temps à ceux qu’elle juge méritant, elle ne donnera rarement son argent et le dépensera avec parcimonie. Avare ? Oui, sûrement. Même si elle refuse de l’admettre. Se sentir confortable et avoir de l’avance est une espèce de sécurité financière qui la rassure. Faust, dans sa vie privée, une personne très indécise. Prendre une décision peut être un vrai dilemme, ne serait-ce que pour choisir un ingrédient en magasin. Prudence est mère de sûreté, comme le dit l’adage, cela lui permet de contrer son côté distrait et étourdi. Qui n’a pas, une fois dans sa vie, mis deux chaussettes différentes ? Oublier sa trousser à l’école ? Oublier de se brosser les cheveux avant de sortir ? Mis un vêtement sur l’envers ? Et bien, pour elle, c’est presque du quotidien. Au travail, sa concentration est totalement présente, mais dans le privé, son esprit batifole de droite à gauche. Illustration avec un simple exemple. Une conversation basique sur la météo. Elle vous regardera, vous écoutera et vous répondra tout à fait normalement, mais si quelque chose à le malheur de bouger, de passer dans son champ de vision. C’est fini, perdu. Game over. Elle fixera sans quitter des yeux ce nouveau point d’intérêt. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’elle ne vous écoute pas. Enfin, peut-être...

Physique :

Faust est la totale opposition avec sa mère. Elle a pris de son père qui est Laotien d’origine avec ses cheveux noirs et ses yeux sombres.  Un petit visage anguleux, une bouche pleine de promesse qu’elle colore avec envie de rouge. Un nez fin mais court, des sourcils fins qu’elle aime faire tomber vers l’intérieur, des petits yeux plissés. Une chevelure courte et épaisse arborant deux mèches légèrement plus longues sur le devant.  Tout pour donner un air renfrogné et fermé, de peur de créer des liens. Repousser les autres pour se protéger, utiliser son corps comme une espèce de barrière.

Pour parfaire ce bouclier corporel, elle se tient droite, épaules bien hautes, le menton volontaire, et adopte une démarche assurée. Elle ne doit pas montrer ses faiblesses. C’était là l’un des principaux enseignements de Loe, son instructeur thérianthrope et père. Elle s’affuble alors de veste en cuir ou simili généralement dépassant rarement la taille. Un jean ou un pantalon, jamais de jupe ou de robe, des chaussures confortables parfois des talons mais cela reste une exception. Elle porte des hauts moulant et bien souvent décolleté, non par provocation ou envie de séduire, mais pour se sentir à l’aise. Un maillot avec un col lui donne l’impression d’étouffer. Elle affectionne les mitaines, qu’elle collectionne. C’est un peu "ses boucles d’oreilles", elle en a de toutes les couleurs et de différentes matières.

Pour ce qui est de la palette de couleur, dans son armoire vous trouverez principalement du noir ou du gris. Seuls ses gants seront de couleur, un accessoire peu banal. Pourtant, elle pourrait vous surprendre en s’habillant d’une robe de soirée d’un rouge éclatant. Un dos nu, touchant presque la naissance des reins, une parure en or. Elle est capable de se faire belle et désirable, si l’envie lui prend. Oui. Si l’envie lui prend...

Sous ses airs revêches et inaccessible, Faust cache bien des choses, comme ses vêtements un corps bien agréable à l’oeil. Une poitrine un peu trop volumineuse à son goût, qu’elle trouve handicapante, des fesses rebondies qu’elle a du mal à habiller. Voilà comment elle voit son corps, alors qu’elle rend jalouses beaucoup de femmes. Son teint pâle l’énerve mais si elle reste trop longtemps au soleil, elle devient cramoisie. Un bel héritage de sa mère allemande qu’elle maudit rien que pour cela. Elle rêve qu’un jour on cesse de lui demander si elle n’est pas malade alors qu’elle est en pleine santé. De taille moyenne, elle fait un mètre soixante trois (1m63) pour 46 kg. Un poids plume qui pourrait s’envoler au moindre coup de vent. Mais la belle a bel et bien les deux pieds sur terre, farouchement ancrés. Elle n’est pas une grande sportive, mais fait le minimum pour se maintenir en forme par le yoga. Une activité qu’elle partageait avec sa mère et dont elle a gardé l’habitude. Cela l’aide grandement à maîtriser sa projection d’aura.




Histoire :

- Tu as compris ?

Si elle avait compris ? Pas totalement, mais elle fait signe que oui. De toute manière, elle n’allait pas lui demander d’expliquer à nouveau. Dix fois est un nombre assez important et son interlocuteur n’a pas l’air des plus patients. Elle ferme les yeux, comme il le lui avait demandé, se concentrant sur sa respiration. Faire le vide de son esprit, oublier ce qui l’entoure. Plus rien, ni personne. Juste elle et son professeur.

- Tu dois apprendre à te contrôler. A ne pas révéler au monde entier ton véritable toi.

Facile à dire. Ce n’est pas une chose innée. D’après ses propres propos, il fallait des années à chaque thérianthrope pour conserver leur forme humaine. Alors que peut-elle bien faire à son niveau ? Son réveil ne date que d’une semaine. Une semaine de folie où elle crût devenir dingue. Un coup sur le haut du crâne la réveille.

- Aie !
- Tu te déconcentres ! Applique toi !
- Mais j’essaye !
- Essaye plus !

Elle gonfle ses joues tout en se massant le haut de la tête. Loe, son instructeur –il souhaite qu’elle l’appelle ainsi- est une personne intransigeante mais plus elle y repense, plus elle pense que c’est de sa faute. S’il n’était pas apparu dans sa vie, elle serait toujours ... Toujours quoi d’ailleurs ? Elle soupire et reprend l’exercice.

Elle n’est qu’une banale jeune femme de Köln de vingt-six ans. Une Allemande, une métisse Laotienne, un cadeau selon sa mère. Elle a grandi le plus simplement du monde dans un foyer monoparental et s’en est jamais plainte. C’était normal pour elle. Elle ne connaissait que ça. Son père avait tout bonnement disparu. Quand ? Avant ou après sa naissance ? Elle l’ignorait, et même si elle avait questionné sa mère, jamais Germana ne lui répondit. Alors, elle passa à autre chose. C’était plus simple. Et puis, sa mère l’aimait, c’était tout ce qui comptait à ses yeux. Enfant, comme adolescente. Oh ! Elle eut des hauts et des bas, comme tout à chacun. Solitaire ou rejetée, elle ne saurait le dire, même aujourd’hui. Elle ne se sentait pas à l’aise avec les autres alors elle préférait rester seule.

Son cœur se serre en repensant à cela. Heureuse, elle ne l’était pas totalement. Elle ne se sentait pas complète. Comme si on lui avait volé quelque chose, une partie d’elle-même. Elle tenta d’en parler avec sa mère, à l’époque, mais à nouveau la belle allemande éluda la question, mettant ses doutes sur le compte de l’adolescence. Faust ne chercha pas plus loin. Mais ce vide, ce manque s’élargissait au fil des ans. Et puis, il y avait ces rêves. Des rêves bien étranges qu’elle faisait à répétition. Elle était un animal, elle se sentait animale. Elle courait joyeusement parmi les herbes hautes derrière la maison. Sautant, cabriolant, heureuse d’être là. Au loin, elle pouvait entendre le rire tintant de sa mère et la voix grave d’un homme. Et à chaque réveil, elle était étreinte d’un sentiment de nostalgie écrasante.

- Concentration, jeune fille !

Elle réprime sa protestation et se contente de se masser le crâne, de nouveau. Cela semble être une passion chez Loe que de la frapper. Elle lui lance un regard en colère mais l’homme ne relève pas. Il reste là, les bras croisés, à la fixer. Elle soupire et réajuste sa position. Elle a pourtant l’habitude d’être en tailleur, pratiquant le yoga depuis quelques années, mais au bout d’une heure, le corps a besoin de se détendre. Mais l’homme n’est pas prêt à l’entendre. Mais est-il réellement un homme. Elle ose un rapide coup d’oeil, gardant une paupière fermée. Elle hésite encore à le croire. Son discours sur la thérianthropie... Ce semblant de monde pseudo-animal. Elle n’arrive toujours pas à y croire. C’est impossible et fou.

- Tu as quelque chose à dire ?

Elle hoche du chef. Des choses à dire, elle en a plein. Mais est-il seulement capable de les entendre sans s’énerver ? Là demeure la question. Il lui fait signe de parler. Elle le fait en soupirant.

- Je n’arrive pas à y croire.
- Tu doutes encore ?

Comment ne peut-elle faire autrement ? C’est une histoire digne d’un film ! Des humains dotés d’une aura animale. Un microsystème complet dissimulé à la face du monde. C’est bien trop gros pour y croire.

- Tu as pourtant bien vu ces singes. Tu as bien senti que ton environnement avait changé ?
- Oui mais...

A son tour de soupirer. Il fait deux pas et se met à sa hauteur. Il plante ses yeux dans les siens et elle sent ses poils se hérisser dans tout son dos. Elle sursaute, se cognant contre le mur derrière elle.

- Là, tu vois ?

Elle n’est plus qu’un animal. Une espèce de chat de petite taille affublée d’une robe fauve et tachetée de noir. Une longue queue battante, annelée aux même couleurs que l’ensemble de la robe. De longues moustaches ébouriffées, un museau allongé, une paire d’oreilles hautes. Une linsang. Faust ne connaissait même pas l’existence de cet animal originaire de l’Asie continentale du sud-est. Une espèce aujourd’hui qui repeuple les forêts protégées. Elle crache, hérissant le poil et battant de la queue sur le sol, montrant son mécontentement. Cela le fait sourire. Le léopard s’allonge avec dignité.

- Ecoute Faust, si tu n’y mets pas du tien, tu n’y arriveras jamais.
- Et si je ne veux pas y arriver ?

La question de trop. La question qui prouve sa mauvaise volonté. Celle qui détruit cette semaine de travail acharné. L’homme perd son sourire et montre les crocs, prêt à lui bondir dessus. Faust reste interdite, incapable de bouger. Cela lui rappelle leur rencontre. Elle courait dans les rues de Köln, perdue et déboussolée. Pas géographiquement, mais mentalement. Ce qui déclencha tout cela ? Un simple regard . Un regard croisé avec un homme lors d'une visite d'un musée. Inconnu de prime abord puis, en une seconde. Tilt ! Un déclic dans son esprit : tout lui revint. Comme une bourrasque, elle se fit balayer. Elle comme ses questions. Et surtout ce vide, ce trou béant dans son cœur. Cependant, cela restait fou pour qu’elle y croit. Qui serait capable d’accepter, après un simple claquement de doigt, que votre vie entière est un mensonge. Des visions furtives, des hallucinations rapides, des gens affublés de masque d'animaux. Mais ce n'était pas un déguisement, elle le savait au plus profond d'elle même. Trop rapide pour être réelle mais trop réaliste pour être fausse.

Il avait tenté de s’approcher d’elle mais elle avait senti un danger. Comme une souris, frêle et fragile, prise entre les griffes d’un félin féroce. Se sentant plus que vulnérable, en danger même, elle dut fuir, et ne se fit pas prier :  elle le fit, purement et simplement. Mais sa fuite déclencha une course endurante dans les rues de Köln. Ce n’était plus l’homme qui la poursuivait mais des chiens et des chats, des singes. Elle ne comprenait rien et plus la panique la prenait, plus les animaux s’énervaient. Il n’y avait aucune échappatoire, et comme toute bonne course-poursuite qui se respecte, elle se retrouva dans une impasse. Recroquevillée sur elle-même, elle pria pour sa vie. Lorsqu’elle ouvrit un œil, la foule s’enfuyait ne laissant que l’homme étrange devant elle. Il paraissait serein, frais comme un gardon, alors qu’elle pantelait et était en sueur. Un charisme naturel et animal qu’elle n’avait pas. Mais le danger était toujours là. Palpable. Si elle tentait, depuis tout à l’heure, de fuir cette folie, présentement c’était un instinct de survie qui l’animait. Elle avait tenté de s’enfuir encore, sortant crocs et griffes, mais il montra sa supériorité, d’un simple grognement. Il tendit une main tout en la fixant dans les yeux. Un regard identique, une chevelure similaire

- Je suis ton père.

Cette situation similaire lui arrache un rire. Nerveux et incontrôlable. Une phrase si cliché sortie tout droit d’un film. Ce rire fait s’éloigner Loe. Un simple regard entre eux, une semaine plus tôt, lui avait permi de retrouver ses souvenirs. Cette espèce de manque qu’elle avait toujours ressenti. Puis de rire, elle passe aux larmes. C’est bien trop à endurer. Bien trop à assimiler. Elle n’était qu’un mensonge. Faust le mensonge, façonnée selon les désirs d’un père. L’homme s’approche et la prend dans ses bras, la berçant comme il le faisait lorsqu’elle était enfant.

- Je suis désolé. Tellement désolé... Mais je l’ai fait pour ton bien et celui de ta mère.

Elle ne dit rien, continuant à pleurer comme une enfant contre l’épaule de son père. Un sort fut lancé sur elle, enfant. Pourquoi ?Il ne lui avait jamais dit, jusqu’à ce jour. Il devait retourner dans sa famille, tout simplement. Une sordide histoire de reproduction ou de mariage. Elle n’avait pas compris et ne voulait pas comprendre. Sa famille, ce n’était pas elles ? Sa mère, ça l’aurait tué. Purement et simplement. Même Faust savait que sa mère était bien trop fragile pour supporter une séparation. Car lorsque Germana aimait, c’était de ton son être, et hélas, sa fille avait hérité de cela. Faust tape du poing contre son torse, montrant sa colère, sa rage. Il les avait tout simplement abandonnés. « Il »... « Ils » plutôt car Germana mourut il y a quelques années, laissant la jeune femme sans famille. Une maladie foudroyante. En six mois, Faust vit sa mère, si souriante et pleine de vie, se désagréger.

- Si j’avais su plus tôt...
- Ca n’aurait rien changé...
- Si. Tu n’aurais pas affronté tout ça toute seule.

Non. Peut-être pas, mais elle n’aurait sûrement pas eu à apprendre sa véritable histoire. Elle n’aurait pas à forcer plus de vingt années de "normalité" à disparaître. Elle n’est plus Faust désormais. Elle est comme une feuille de papier froissée et en boule qu’un écrivain amer, déçu ou exaspéré par ses propres écrits, aurait jetée dans un coin. Elle repousse Loe, furieuse après lui. Tout était de sa faute, il doit y avoir un fautif et se serait lui. Faust ne peut lui pardonner. Il se fait passer pour un père aimant et présent. Elle a bien envie de lui cracher au visage le fond de sa pensée. Mais non. Elle conserve le silence, préférant se mordre l’intérieur de la joue à sang. Elle se lève et se dirige vers la porte. Elle devait quitter cette pièce, sinon ses paroles dépasseront sa pensée. Et elle n’a pas le cœur au regret.

- N’oublies pas que l’on part demain.

Un signe de tête silencieux, elle ne prend pas la peine de le regarder, puis passe le pas de la porte. Ils partent, rejoignant une île sur les côtés du Royaume-Uni. Un paradis pour thérianthropes selon Loe. Pourquoi le suit-elle ? Car plus rien ne l’attend en Allemagne. Sa mère n’est plus, elle n’a pas de famille et ses amis... Elle soupire, roulant ses yeux, médusée par sa propre stupidité. Ses amis lui avaient tourné le dos bien des années auparavant, lorsque sa mère était malade. Et le peu qu’il lui restait n’était qu’une bande d’opportuns qui se détournèrent d’elle dès qu’elle eut des problèmes. Non. Il n’y avait réellement plus rien qui la retenait ici. De toute façon, elle ne se voit pas vivre normalement désormais. Pas après toutes les révélations que son père lui avait faites. Enfant d’un couple mixte –en plus d’être métisse. Née d’une mère "singe" et d’un père appartenant à une grande famille influente. Mais Loe reste qu’un membre insignifiant de cette famille, considéré comme inférieur dû à ses propres origines. Cela remonterait à son propre grand-père qui aurait épousé une thérianthrope inférieure, selon ses termes. Cela demeurait rare mais pas inexistant. Faust ne se sent pas pour autant exceptionnelle ou autre. Juste désabusée par cette succession événements. Elle préfère ignorer toute la complexité généalogique et hiérarchique de cet écosystème qui lui semble barbare et arriéré –traditionaliste pour la plupart. Ignorer pour mieux vivre. Apprendre à se contrôler et se fondre dans la masse, tel est son but désormais.


Autre :

Faust est un prénom masculin, et c'est un choix volontaire de sa mère. Peut-être qu'au fond d'elle, Germana rêvait de donner la vie à un petit garçon. Mais elle fut heureuse d'accueillir sa précieuse fille dans sa vie.




Le code : Validé.
Ton pseudo : Sleio
Ton âge : Je promet sur l'honneur que j'ai l'âge requis (et bien tassé !) mais cela se fait-il de demander son âge à une dame ?
Notre découverte : Je crois que je connaissais, de loin à travers une pelle. A l'époque, cela me semblait assez compliqué à comprendre, puis un ami m'en a parlé. J'ai relu, j'ai compris (je crois bien) et je tente.
Ta présence : Assez libre de ma semaine, je vais dire quotidiennement ?
Ton avatar : Motoko Kusanagi de Ghost in the Shell
Tes références : Alors j'ai vu les OAV et lu quelques tomes du manga(mais en anglais et mon anglais est approximatif)
Un rajout : Hum, là maintenant, tout de suite. Non. Peut-être une explication sur la la ligne "Dominance" ?